|
|
| Ballade Douce-Amère [PV Viggor Borgisov » Topic Fermé] | |
| | Auteur | Message |
---|
Lachésis Emila de Villars Stratège du Consulat / Administratrice et Fondatrice
Nombre de messages : 86 Age : 34 Fonction : Stratège à la Solde du Consulat Nationnalité : Française Date d'inscription : 30/11/2006
Récapitulatif Parti: Impérialiste État Civil: Célibataire Religion: Chrétien Orthodoxe
| Sujet: Ballade Douce-Amère [PV Viggor Borgisov » Topic Fermé] Jeu 14 Fév - 16:07 | |
| Lorsque la pluie glaciale lui claqua au visage, elle se dit que sa journée ne pouvait davantage mal s'en porter. Elle appella une calèche et se glissa dans la cabine aussi rapidement qu'une ombre. Elle adressa quelques mots étouffés par la pluie au cocher qui démarra au quart de tour. La matinée n'avait pas été très agréable et ce terme était plutôt léger. La jeune dame s'était éveillée avec une humeur massacrante contagieuse, sa dame de chambre ne lui avait pas apporté ses affaires et elle avait ingurgité un déjeûner infect. Avec une exclamation de rage elle retira son couvre-chef et mit un peu d'ordre dans ses cheveux gorgés d'eau de pluie. Certes, sa mauvaise humeur n'avait fait qu'accentuer la gravité des évènements, mais la bourgeoise avait mit toutes ces mésaventures sur le compte du cruel destin qui s'acharnait sur elle. Néanmoins, Lachésis avait eut des nouvelles plutôt réjouissantes. En effet, elle connaissait enfin la véritable identité du stratège à la solde du Monarque. Ce roublard avait finement caché son identité, se gardant bien de vanter son titre et surtout se gardant de révéler le lien familial qui l'unissait au Roi Autrichien. Cela ne serait pas secret bien longtemps, les commères étant plus nombreuses que neiges en Norvège, la rumeur aurait tôt fait de faire le tour du royaume et le stratège s'en verrait bien incommodé. Quoiqu'il en soit, Lachésis aurait tôt fait, bien avant les répercussions de la rumeur, de rencontrer le stratège et d'appliquer son plan méthodiquement fignolé. D'ici-là, elle avait tout le temps de s'adonner à des promenades dans le Grand Parc ou à des sorties socioculturelles à Bavièrres. C'était toutefois en regagnant le Manoir du Consulat que la jeune dame avait été surprise par la pluie. Elle était contrainte de passer par le parc pour s'y rendre lorsqu'elle revenait de quelques négociations avec les marins au port de Meugns-en-Joux. Son esprit plutôt cartésien et analytique n'avait pas calculé les probabilités d'averses, une faille de jugement occasionnée par l'humeur désagréable du matin, sans doute.
Les vitres ruisselantes laissaient perler des gouttes de lumière lunaire dans un portrait kaléïdoscopique fascinant. Lachésis s'était beaucoup attardée au port. Plutôt, elle avait été retardée. Les marins avaient un tempérament assez grivois et s'étaient emportés par leur frivolité à la vue d'une femme de qualité. Lachésis avait été forcée de les remettre à leur place en envoyant valser l'un d'eux dans le fleuve d'un coût de bâton. Bien entendu, les femmes qui ne se laissaient pas intimider étaient aussi rares que l'or et Lachésis ne manqua pas des leur montrer qui commandait. Étant stratège et venant au nom du Consulat, elle avait droit de vie ou de mort sur eux, ils avaient donc intérêt à ne pas trop la contrarier. Quoiqu'il en soit, ce fâcheux contre-temps l'avait obligée à se retrouver sous une pluie battante et elle avait été forcée de prendre la première voiture qui passait. Elle passa son index sur la fenêtre pour enlever la condensation qui s'était formée avec le froid et constata que la pluie n'avait toujours pas cessé. Lachésis poussa un soupir agacé et termina de lisser ses cheveux. Le mauvais temps ne faisait qu'agraver son humeur et elle était affamée. Elle intima au cocher de s'arrêter et sortit de la calèche en glissant quelques pièces au vieil homme. Lachésis replaça son couvre-chef et entreprit de suivre le petit sentier qui serpentait à travers des tapis d'églantiers et de roseraies. La pluie semblait se ranger de son côté et se calmer à mesure que la jeune femme progressait vers sa destination. Un bruissement de feuilles la fit détourner le regard vers la gauche. Elle s'attendait à être la seule dans ce parc à une heure si tardive et ce bruit ne fit que la convaincre du contraire. Elle songea aux nombreuses femmes qui s'aventuraient dans ce parc, seules et fendant la nuit. Nombre d'entre elles avaient été découvertes, le corps déchiré par un homme de mauvaise foi. Lachésis n'avait pas la moindre crainte quant à son sort, elle gardait toujours une dague dans sa jarretière.
La stratège sentit que son humeur massacrante s'était un peu dissipée avec la pluie qui avait complètement cessé. Le ciel était maintenant tout à fait dégagé et quelques étoiles téméraires pointaient leur nez, éclairant faiblement le parc de leur lumière blafarde. Quoiqu'il en soit, des réverbères se chargeaient de procurer un peu d'éclat à l'endroit qui aurait été complètement plongé dans les ténèbres la nuit venue. Les calèches se déplaçaient doucement, une lanterne les guidant à travers le noir et Lachésis vit la calèche qu'elle avait prise quelques instants plus tôt fendre le voile d'ébène. Quelques autres défilaient également, refermant le cortège qui perçait l'horizon de petits points lumineux. La jeune femme semblait quasi-inaperçue de noir drapée. En effet, sa robe au manteau d'un noir violacé se confondait parfaitement à la nuit. Quelques fois des reflets violets étincellaient à la lueur de la Lune ou d'un réverbère. Son visage, lui, contrastait de pâleur et rivalisait avec la face d'ivoire de la Lune. Ses escarpins claquèrent sur quelques pierres plates dorées par le soleil de la veille. La jeune dame était impatiente de retrouver le confort de sa suite et de sentir le bois verni de son violon contre la paume de ses mains. Un délicieux repas l'attendait sans doute déjà dans ses appartements et le bassin serait prêt d'ici deux heures, remplit d'une eau fumante et parfumée à la vanille. Alors qu'elle songeait à ses délices imminents, elle remarqua un détail étrange. Quelque chose qui ne câdrait pas vraiment avec le paysage qu'elle avait l'habitude de voir. Le sentier était censé bifurquer vers la droite et une chaumière devait se dresser à l'endroit où elle se trouvait. Si ces souvenirs étaient fidèles, elle aurait également dû passer une petite barricade. Hélas, ce n'était pas le cas. Elle s'était enfoncée plus profondément dans le sous-bois et une épaisse végétation l'empêchait de reconnaître ses repères. Elle prit une seconde de réflexion et bifurqua vers la droite, suivant un autre petit sentier. Dans le pire des cas, elle se retrouverait au coeur d'Anse-Bordeaux et pourrait retrouver son chemin à partir de là. Elle se résolut donc à suivre son idée et traversa le petit bois d'un pas décidé. Après de longues minutes de mache où ses escarpins la faisait souffrir le martyre, elle se retrouva dans une rue parallèle à l'artère principale et détailla les chaumières qui se dressaient devant elle. Des petites masures dont la façade avait été blanchie à la chaux appartenaient sans doute à ses prolétaires proches de la bourgeoisie.
Le froid s'insinua doucement en elle, perçant ses chairs et ses étoffes alors qu'elle analysait le paysage environnant. Elle passa ses mains sur ses épaules menues pour se réchauffer, mais son geste était vain. C'était plutôt un réflexe qu'elle n'avait pu dissuader de force rationnelle. Puis, son regard aux reflets ambrés se porta sur l'enceinte d'un petit bistro. La faim au ventre, elle se dirigea vers l'établissement et y entra sans plus de cérémonies. L'endroit était plutôt sobre, quoique assez chaleureux. Des tables laquées étaient disposées autour d'un feu de bois qui crépitait joyeusement dans un foyer circulaire au centre de la pièce. Elle fut accueillie par la tenancière de l'établissement qui la guida jusqu'à une table et lui offrit un appéritif. Désirant passer outre sa mauvaise journée, Lachésis accepta volontier la coupe de vin blanc que lui offrait la charmante serveuse et se cala confortablement dans son siège. Si elle devait parcourir la moitié d'Anse-Bordeaux à pieds, au moins elle aurait l'estomac rassasié. Elle poussa un soupir de soulagement et prit une gorgée de vin. L'alcool embrasa sa gorge et la réchauffa quelque peu. Quelques personnes étaient assises non loin, buvant une flûte de cidre et échangeant des paroles en slovène. La langue était beaucoup parlée dans le reste de l'Autriche, mais à Evergloth, l'Allemand et le Français avaient beaucoup plus d'adeptes. Lachésis comprenait néanmoins des bribes de leur conversation. La jeune femme était polyglotte, elle avait été éduquée en conséquence. Alors qu'elle prenait une seconde gorgée du liquide limpide, un homme à l'allure négligée se glissa vers elle à la façon d'un oiseau furtif et lui glissa un mot à l'oreille:
- «Vous me semblez frigorifiée, mademoiselle. Permettez-moi de vous payer un verre pour fournir à ce corps un nouvel éclat de chaleur... - Je vous en prie, monsieur, ne perdez pas votre temps. Je ne suis pas une femme pour vous et, de toute évidence, vous n'êtes pas mon type.»
Surprit par cette remarque il la dévisagea d'un air perplexe.
- «Vous pouvez disposer.»
Elle lui adressa un geste de la main désinvolte comme elle l'aurait fait avec un domestique et prit une troisième gorgée de vin. L'homme sembla totalement éberlué, mais décida d'être sage et de se retirer avec dignité. Nombreux étaient les hommes que Lachésis avait ainsi déçus. Peut-être accorderait-elle un centime de son attention à un homme qui aurait un peu plus de répartie...
Dernière édition par Lachésis Emila de Villars le Lun 25 Fév - 19:18, édité 1 fois | |
| | | Viggor Borgisov Chasseur de Vampires / Administrateur
Nombre de messages : 76 Age : 36 Date d'inscription : 09/02/2008
Récapitulatif Parti: Conservateur État Civil: Célibataire Religion: Athéiste
| Sujet: Re: Ballade Douce-Amère [PV Viggor Borgisov » Topic Fermé] Mar 19 Fév - 13:09 | |
| La porte du bistro s'ouvrit sur un homme sobre et distingué, fort d'épaules et dont la barbe était coupée avec finesse. Viggor Borgisov venait de faire un long voyage à pied, et la faim commençait à le tenailler. Un petit quelque chose à boire ne serait pas de refus non plus. Malgré son apparence noble, le manteau vert forêt de l'individu le faisait se fondre à la masse. Quelques uns le remarquèrent, sans s'arrêter de parler, de manger, de boire. Un oeil averti pouvait noter détail du détachement qui caractérisait le seigneur aux cheveux noirs ; il s'agissait dans la noblesse d'un cas extrêmement rare, car en effet cet homme semblait se ficher éperdument que l'on ne le traîte en pacha. Au contraire, son regard sévère sembla pétiller alors qu'il sonda le contenu de la pièce, et qu'une fraction de seconde il se posa, impitoyable, dans celui de la belle stratège.
De loin, cette dernière pouvait remarquer comment une poignée d'hommes venaient lui proposer des mets somptueux aux grandeurs de son budget, une place de choix, des services divers... - Donnez moi simplement un steak et des pois, je n'ai pas de temps à perdre avec une tonne de fioritures. coupa-t-il en ignorant toutes les courbettes des tenanciers. L'un d'eux bredouilla quelque chose, mais fut rapidement coupé par Borgisov, qui tout en jetant ses affaires sur la table la plus proche rajouta ; - Et une bouteille de vodka, et que ça saute.
Les hommes, déçus, s'éclipsèrent aussitôt dans les cuisines. Viggor prit place, toujours imperturbable. Il ne se cachait pas. Pas plus qu'il ne tenta de camoufler le regard qu'il lança alors à cette noble qui faisait tâche au milieu de cette plèbe. Un regard gênant, car dénué de toute crainte. Mais Viggor se mit bien droit sur sa chaise alors que sa vodka arrivait. Il était dos à la dame, maintenant. Se servant un shooter, le calant, et en enchaînant trois ou quatre encore de cette façon, Viggor sentait la vigueur revenir. Dehors, il n'avait pas froid. Il était habitué à bien pire. Pas plus que quelques gouttes de vodka n'allaient lui empêtrer les sens. C'est alors que son repas lui arrivait qu'il songea à nouveau à la dame à la table derrière lui. Elle n'avait rien à faire là, en somme. Sûrement avait-elle un poste quelconque à Evergloth. Sûrement serait-ce une bonne idée d'essayer de s'en faire un contact. Viggor repassa dans sa tête l'image de cette femme ; il n'allait pas lui faire l'offense de se retourner à nouveau pour la zyeuter, ça n'était pas poli. Elle lui plaisait. Elle avait l'air d'une femme de caractère, à la fois forte et fragile.
L'homme regarda un instant son assiette. Il avait méticuleusement découpé la viande en un tas de petits cubes prêts à être dévorés. Cette vision le laissa perplexe, aussi piqua-t-il d'abord avec appréhension, puis après quelques bouchés réalisa qu'il n'avait plus faim. Il prit une grande respiration, et se laissa surprendre par la main qui lui prit l'épaule. - Monsieur, auriez vous une petite pièce je vous en pris ?... Un tenancier à l'autre bout de la pièce s'approchait déjà pour sortir le pauvre erre, quand Viggor se leva et tendit au mendiant son assiette encore bien remplie. Un quart de tour vers la gauche, et il tendait son dû au serveur surpris, n'écoutant que d'une oreille distraite les remerciements du pauvre homme. L'instant plus tard, déposant sa bouteille de vodka au fond de son sac, Viggor se dirigeait déjà vers la sortie. Quel spectacle insipide pour les yeux de cette noble à la riche allure, se disait-il. C'était certe une étrange situation, mais Viggor ne s'en traumatisait pas. Si tout se passait comme prévu, elle avait préféré le suivre plutôt que de rester dans ce milieu si peu au niveau de sa personne. Viggor fit quelques pas dehors, et replaçant son chapeau vert sur sa tête, s'adossa confortablement contre un arbre en croisant les bras. En attendant de voir la belle princesse sortir du pub, une seule pensée inonda l'esprit du russe...
Evergloth... ville des péchés. Il y était enfin arrivé.
Dernière édition par Viggor Borgisov le Mar 19 Fév - 13:12, édité 1 fois | |
| | | Lachésis Emila de Villars Stratège du Consulat / Administratrice et Fondatrice
Nombre de messages : 86 Age : 34 Fonction : Stratège à la Solde du Consulat Nationnalité : Française Date d'inscription : 30/11/2006
Récapitulatif Parti: Impérialiste État Civil: Célibataire Religion: Chrétien Orthodoxe
| Sujet: Re: Ballade Douce-Amère [PV Viggor Borgisov » Topic Fermé] Mar 19 Fév - 17:59 | |
| (Tu ne peux même pas savoir à quel point tu m'as ouvert la voie Tu lis dans mes pensées ?) Une gorgée, une simple gorgée de ce vin à la robe claire et au parfum fruité. Lachésis avait deviné, aux premières effluves, que le vin parvenait directement du cellier du Consulat. La bourgeoise connaissait les moindres cépages, les effluves, les robes, les vignobles. Le manoir du Consulat étant doté de vignobles, elle avait le plaisir de déguster les meilleurs vins du pays et elle pouvait le faire à tout heure du jour ou de la nuit. Justement, un merlot devait l'attendre sur sa table de chevet à cette heure. Cependant, elle était frigorifiée et ne pouvait se résoudre à retrouver la fraîcheur de la nuit qui devait être tombée maintenant. Les deux slovènes discutaient toujours et l'homme qu'elle avait envoyé paître semblait s'être fait discret ou s'être tapi dans l'ombre pour éviter les regards moqueurs. Lachésis n'était pas une femme facile d'approche et son interlocuteur était soumis à des critères dignes du grand Dracon. Celui qui l'abordait ouvertement se devait d'être pourvu d'un culture semblable à celle de la Stratège. Cela n'était pas peu dire, puique Lachésis n'avait pas été choisie comme stratège pour son unique beauté; elle était cartésienne, méthodique, elle palliait à toutes les éventualités et elle était vive d'esprit. De plus, le protagoniste qui s'évertuait à la charmer se devait d'être intriguant et devait susciter un certain intérêt auprès de la belle. En effet, Lachésis avait ses pêchés mignons et les hommes sombres aux desseins insondables et à la personnalité fugitive et insaisissable déclenchaient automatiquement en elle une envie irrépressible de relever le défi. Évidemment, nombreux étaient les prétendants de Lachésis, nombreux pouvaient affirmer avoir eut le coeur dérobé par la belle et plus de dames encore pouvaient dire dans un élan de rage que Lachésis était la source de leur divorce. Néanmoins, Lachésis n'était pas femme à briser des couples volontairement. Étant croyante, l'adultère était pour elle aussi impensable que le désintéressement et l'altruisme. Quoiqu'il en soit, Lachésis n'avait pas vu beaucoup d'hommes qui convenaient à ses critères exigeants...
Ce soir-là, pourtant, quelqu'un attira réellement son regard et soutint son attention plus de quelques secondes. Alors qu'elle prenait sa dernière gorgée de vin, un homme entra dans le bistro. Aux premiers abords, cette homme n'aurait pas attiré son regard. Il était affublé d'un manteau sombre qui l'aurait fait passer inaperçu dans une masse grouillante de prolétaires et il n'était pas si différent des autres hommes présents dans l'établissement. Néanmoins, les yeux de la stratège sondèrent le nouveau venu plus longtemps qu'à l'habitude, et sans qu'elle ne sut quoi, elle sentait qu'il émanait de sa personne une éloquence, une assurance et un mystère que personne d'autre ne projetait. Il sembla à la jeune femme qu'il contrastait comme glace et feu dans cet endroit. Certes, elle contrastait presque autant que lui dans cet endroit infesté d'hommes et de nouveaux bourgeois, mais la différence de l'homme semblait marquée à ses yeux. Elle détourna néanmoins son regard après avoir tenté en vain d'analyser les présomptions qui la hantaient et demanda au serveur qu'il lui amène un verre d'eau fraîche. Elle surprit son rythme cardiaque qui avait augmenté d'au moins dix pulsations minutes de plus que d'ordinaire et sentit perler quelques gouttes de sueur à sa nuque. Avant de s'alarmer davantage de cette mutinerie que lui faisait son corps, elle analysa toutes les éventualités possibles. Était-il un mercenaire à la solde du Monarque envoyé pour la faire trépasser ? Non, cela n'expliquerait pas sa présence si impromptue et personne à la Cour n'aurait pu savoir qu'elle s'était arrêtée dans un endroit aussi infâme. Peut-être était-il un espion qui allait informer la Cour des fréquentations étranges de la Stratège du Consulat ? Si c'était le cas, elle ne s'en formalisait pas, puisque sa réputation lui incombait le moins du monde. Non, ce n'était pas cela. Les monarchistes savaient aussi bien qu'elle que sa réputation était la dernière chose qui la préoccupait. Ne trouvant pas d'autres suppositions, elle se résigna à croire que l'homme était un simple bourgeois affamé et qu'il n'avait aucun lien avec quelque monarchiste que ce soit.
Son verre d'eau arrivé, elle le posa devant elle et croisa ses longs doigts ensemble. Elle songea une autre fois à la bassine qui devait l'attendre, surement tiède à l'heure qu'il était et à la douce chemise de nuit, sans plis, étendue au pied de son lit. Cependant, le confort qui l'attendait avait un prix et Lachésis devrait se hasarder à se glacer jusqu'à la moelle dans les rues suintantes et glaciales d'Evergloth. Cette perspective ne lui plaisait pas le moins du monde. Ses yeux se glissèrent furtivement vers l'imposant carrure de l'homme étrange qui était assit dos à elle. Elle avait senti maintes fois son regard lourd sur elle et cet homme qui semblait de marbre, aux premiers abords, était peut-être quelque peu tenté par les charmes de Lachésis. Elle était la seule femme présente dans l'établissement et cela éveillait sans doutes quelques envies hormonales chez les hommes qui étaient cloîtrés dans cet établissement. Heureusement, Lachésis ne craignait pas la gent masculine autant qu'une autre femme de sa condition; elle avait une arme tranchante dans sa jarretière dont elle se servait comme une émérite et elle s'était entraînée souvent avec les soldats de l'Armée du Consulat dans l'espoir de peut-être diriger les troupes au champ de bataille. Généralement, Lachésis n'aimait pas salir ses ongles manucurés, mais elle nourrissait l'espoir d'être la nouvelle Jeanne d'Arc de son époque, l'altruisme et la dévotion en moins, bien entendu. Étant non seulement agile, elle avait un avantage sur tous les tableaux. Lachésis avait une vivacité d'esprit telle que chaque mouvement ne pouvait lui échapper, qu'il soit subtil ou véhément et elle avait toujours une longueur d'avance sur les autres esprits, analysant les moindres possibilités qui s'offraient à elle. Malgré tout le caractère dont elle était capable, elle se serait sans doute trouvée incommodée par une dizaine d'hommes se jettant à ses trousses et aurait eut bien du mal à se défendre. Mais, au moins, elle aurait eut la brillante décision de quitter l'établissement avant qu'ils n'aient même songé à tenter quelque chose.
Elle passa son index préalablement mouillé sur le rebord de son verre, faisant tinter le verre. L'homme était toujours assit, imperturbable. Elle sentait quand même qu'il était aux aguets de ses moindres gestes et qu'il connaissait ses moindres pensées. Puis, un homme s'adressa au bourgeois, lui quémandant quelques pièces. Lachésis s'avança et appuya son menton sur ses deux mains jointes. Cette scène était plutôt intéressante. L'homme lui glissa quelques pièces, paya son dû et se glissa dans la nuit noire comme il en était venu. Ainsi était-il assez aimable pour offrir quelque chose à un simple mendiant. Lachésis eut un sourire narquois. Elle demanda l'addition, paya généreusement et enfila son manteau. Elle savait que l'homme l'attandait à l'extérieur. Elle l'avait su lorsqu'il lui avait jeté un regard en coin avant de partir. Pour d'autres, cela aurait paru insipide, mais Lachésis n'était pas n'importe qui. Elle maîtrisait le langage du corps et ne savait que trop évidemment qu'il espérait qu'elle se lève et sorte de l'endroit. Pourquoi manquer à cela ? Elle décida d'attendre un peu avant de sortir à son tour.
L'air glacial l'enveloppa immédiatement et les premières bouffées d'air furent difficiles à avaler. Ses poumons étaient maintenant frigorifiés et elle sentit un frisson parcourir son échine de ses pieds à la racine de ses cheveux chocolat qui ondulaient paresseusement sur son manteau, le constellant d'une rivière chocolatée. Ses yeux d'un brun clair sondèrent l'obscurité dans l'espoir de s'y habituer. Après de longues minutes de silence et de totale obscurité, elle put enfin disserner les formes dans le noir et la lune réapparut après s'être cachée derrière un nuage. La belle savait qu'il n'était pas loin, tapi dans les ténèbres. Puis, elle le remarqua enfin, adossé à un arbre. Elle sourit. Elle avait vu juste.
- «Je ne crois pas que de se déguiser des ténèbres soit une technique de séduction très approuvée par les dames.»
Elle marqua un silence. Elle avait piqué.
- «Je m'en vais. Je préfère les hommes plus bavards.»
Lachésis eut un sourire en coin.
Evergloth... Ville de toutes les libertés et de tous les pêchés. | |
| | | Viggor Borgisov Chasseur de Vampires / Administrateur
Nombre de messages : 76 Age : 36 Date d'inscription : 09/02/2008
Récapitulatif Parti: Conservateur État Civil: Célibataire Religion: Athéiste
| Sujet: Re: Ballade Douce-Amère [PV Viggor Borgisov » Topic Fermé] Mar 19 Fév - 22:47 | |
| L'oeil brillant du russe s'illumina encore davantage lorsque la jeune noble sortie enfin de l'établissement. Elle était belle et vive d'esprit, ça se voyait sans aucun mal. Aussi n'avait-il pas douté qu'elle ne le suive sans perdre de temps. Aussi ne fut-il en rien étonné d'entendre ce commentaire prenant directement son égo pour cible. Viggor y était habitué. Il avait connu assez de femmes pour ne pas s'en offusquer. Un sourire en coins apparu sur ses lèvres, et en quelques enjambées avait déjà rejoint la dame...
Dans le froid et l'incertitude, la main de cette dernière s'était instinctivement portée à son couteau. Aussi grande fût sa surprise de sentir la chaleur réconfortante de l'épais manteau du russe se poser sur ses fines épaules, et l'inonder soudain d'un confort apaisant. Viggor avait remarqué le réflexe. Il ne s'en préoccupait pas. Il n'avait pas froid le moins du monde, habitué à l'hiver sans fin, à se réchauffer à la vodka...
- Une femme aussi belle ne devrait jamais être harcelée par le froid. tonna-t-il de sa voix sombre et masculine, sa veste blanche laissant entrevoir des bribes de ce corps musclé et vigoureux. Ses mains se posèrent sans gêne sur les épaules de Lachésis, y exercèrent une pression agréable. Il n'agissait pas ainsi envers elle parce qu'elle était noble - il l'avait d'ailleurs qualifié de belle femme, et non de dame ou de quelques appellations bourgeoises - mais bien parce qu'il voyait en elle un membre fier et impeccable de la gente féminine. Viggor ne pouvait s'empêcher malgré tous leurs défauts de porter à ces créatures une affection et un respect particulier. Baissant son visage et fondant son regard sévère dans celui de la noble sans jamais sourciller le moindrement, Viggor lança d'un ton délicieusement suave ; - Mon nom madame est Kayne Hellsinger, et maintenant que nous nous connaissons un peu mieux, j'aimerais vous proposer de trouver une chambre au chaud où je me ferai - ça va de soi - un immense plaisir à bavarder avec vous.
Le faux-duc tendit une main accueillante à Lachésis, ne détournant pas une seconde son regard d'émeraude du visage de celle-ci. Son visage apparemment inexpressif inspirait alors une contenance et une aise que bien peu de noble eurent pu arborer dans un tel moment. Nulle nervosité ne venait déformer ses traits. Sa dévotion envers les dames en faisait le plus impitoyable des charmeurs, et son efficacité pour se faire n'avait d'égal que la passion débordante qu'il pouvait éprouver pour chacune de leurs forces et de leurs faiblesses. Se voulant rassurant, et bercé par l'idée de passer la nuit en aussi agréable compagnie, Viggor esquissa donc un fin sourire et ses traits doucement se détendirent...
Dernière édition par Viggor Borgisov le Mar 19 Fév - 22:49, édité 1 fois | |
| | | Lachésis Emila de Villars Stratège du Consulat / Administratrice et Fondatrice
Nombre de messages : 86 Age : 34 Fonction : Stratège à la Solde du Consulat Nationnalité : Française Date d'inscription : 30/11/2006
Récapitulatif Parti: Impérialiste État Civil: Célibataire Religion: Chrétien Orthodoxe
| Sujet: Re: Ballade Douce-Amère [PV Viggor Borgisov » Topic Fermé] Mer 20 Fév - 15:54 | |
| Toujours tenaillée par le froid, elle n'avait pas remarqué que l'homme était déjà près d'elle. Le froid humide s'était insinué dans le moindre de ses pores et la glaçait jusqu'aux os. Les nuits autrichiennes n'étaient pas si glaciales d'ordinaire, Lachésis s'était fait surprendre par le climat. Elle sentait la présence de l'homme près d'elle et cela la déstabilisa quelque peu. À la cour, les gens n'avait pas l'habitude de se tenir si près et respectaient les distances interpersonnelles. Cependant, elle resta calme et leva ses yeux vers le russe imposant. Le contraste était flagrant entre les deux protagonistes. Lachésis semblait si frêle, si faible et le russe, si grand et si viril. Cependant, à voir la façon dont la jeune femme toisait l'homme, elle semblait beaucoup moins faible. Le regard de la belle était clair, mais ferme. Ils étaient si près l'un de l'autre que seulement une dizaine de centimètres les séparaient. Lachésis se demandait si elle devait reculer d'un pas ou si ce mouvement de recul serait interprété par le russe comme une soumission... Elle décida de tourner légèrement son corps, sans toutefois reculer. Lachésis se rendit compte qu'elle avait instinctivement mit la main sur sa dague. Elle détendit ses doigts qui lâchèrent prise doucement et replaça une mèche rebelle avec sa main.
Pendant ce temps, le russe avait passé son paletot sur les épaules fines de la stratège qui se sentit automatiquement beaucoup moins réticente. La chaleur du manteau était réconfortante et ses barrières se brisèrent. Le russe avait le sang chaud, puisque le manteau semblait avoir été chauffé près d'un feu ardent. Lachésis sentait les effluves quelque peu musquées qui émanaient du manteau. Il sentait bon. Il ne sentait pas la sueur d'un dûr labeur, comme ceux des ouvriers qui passaient leurs journées à l'usine. La jeune femme remarqua son visage, le détailla davantage, histoire de se faire une idée de son interlocuteur. Un visage aux traits slaves, durs et froids. L'homme devait venir de Russie, de Prusse ou d'Ukraine. Ses yeux étaient d'un vert étrange, un vert désarmant et irridescent.
- Une femme aussi belle ne devrait jamais être harcelée par le froid.
Elle avait entendu cette phrase comme si elle était lointaine, percevant à peine les tons graves de la voix de l'homme. Il avait une voix ferme et assurée. Lachésis n'y avait décelé aucun vibrato, confirmant qu'il était confiant et qu'il n'était pas intimidé le moins du monde. Autre chose rare chez les prétendants de Lachésis dont la voix tressaillait de façon évidente. Une femme aussi belle ne devrait jamais être harcelée par le froid... Ainsi la trouvait-il belle... En plus d'être infiniment assuré, il était également franc et ne prenait pas de détours. Il avait avoué ouvertement qu'elle était belle et n'avait pas utilisé de termes de politesse ou de titres. Intéressant. Lachésis eut un sourire imperceptible, mais qui démontrait très bien qu'elle avait disserné les fondements d'un tel affront.
- «Je ne suis pas une femme comme les autres, vous savez ?»
Cette question n'en était pas une, à vrai dire. En quelques gestes habiles, il se retrouva derrière elle et appuya ses grandes mains sur les épaules de la belle. Sa peau eut un frisson, un réflexe naturel qu'elle ne put tuer à la source. Elle sentit son souffle froid sur sa nuque, à moins que ce soit le vent ? Lachésis s'étonnait de tant de familliarités, mais cette perspective la charmait de façon incompréhensible. Les autres bourgeoises se seraient sans doute offusquées, mais Lachésis trouvait cet affront, ce manque de tact et cette abstraction des distances séduisant, éveillant son sens du défi et des choses un peu marginales. Ironie... Elle travaillait pour le Consulat qui cherchait sans cesse à dicter une ligne de conduite, évitant les différences et condamnant les maginaux. Lachésis, pourtant, était séduite par tout ce qui présentait des différences avec tous les autres bourgeois. Elle replongea son regard mordoré dans les iris d'un vert saisissant de son interlocuteur, tournant sa tête légèrement pour cela. Il se présenta, faisant barytonner sa voix agréablement. Kayne Hellsing... Elle mettait sa main au feu s'il n'était pas le descendant d'un riche aristocrate. Puis, il proposa sans pudeur, sans retenue qu'elle l'accompagne pour bavarder. Lachésis ne put retenir un sourire perplexe et haussa un sourcil, faussement offensée. Elle se retourna complètement, se tenant maintenant debout face à cet homme si franc et si impulsif.
- «Beaucoup m'ont fait cette proposition dans l'espoir de m'étendre dans leur draps...Vous savez, monsieur Hellsing, je ne suis pas du genre à me laisser impressionner de cette manière.»
Elle se retourna, faisant mine de vouloir partir. Puis, elle s'arrêta et tourna légèrement la tête.
- «Néanmoins, votre proposition m'intéresse.»
Elle se retrouva une fois de plus face à lui, à quatre centimètres à peine.
- «Je vous accompagnerai où vous voulez... si vous êtes en mesure de deviner la fonction que j'occupe.»
Un sourire narquois éclaira ses lèvres.
- «Oh ! Et à ce propos, je me nomme Emila de Villars. Mais à Evergloth, on me connaît sous le nom de Lachésis...» | |
| | | Viggor Borgisov Chasseur de Vampires / Administrateur
Nombre de messages : 76 Age : 36 Date d'inscription : 09/02/2008
Récapitulatif Parti: Conservateur État Civil: Célibataire Religion: Athéiste
| Sujet: Re: Ballade Douce-Amère [PV Viggor Borgisov » Topic Fermé] Lun 25 Fév - 13:58 | |
| Lachésis... prononça-t-il d'abord posément, comme s'il imposait à son esprit de se remémorer quelques souvenirs enfouis. Un sourire malin se forma sur son visage ; cette femme n'avait rien d'une femme facile, et l'ambiance de jeu qu'elle avait installé ne faisait qu'intriguer davantage le russe sur les mystères qu'il pourrait découvrir en partageant sa couche avec elle. Car bien sûr, à ses yeux il n'y avait rien de tel pour délier les langues... ... Emila de Villars, stratège du consulat à Evergloth. De nombreuses rumeurs courent à votre sujet. La seule que je suis en mesure de croire est que vous les laissiez filer sans vous en incommoder plus qu'il n'en faut. Votre talent se camoufle aux yeux de la plèbe sous une peau satinée et une allure exquise... Hors, je ne suis pas comme tous les prétendants que vous avez pu avoir... Le visage de Viggor se rapprocha davantage encore de celui de la noble, il fit un court pas vers l'avant et alors immergé d'ombre, l'oeil droit de l'homme scintilla d'un vert surnaturel. Sa main gauche vint rejoindre celle de Lachésis, qui tremblait malgré la chaleur que prodiguait le manteau. La voix sombre et profonde du russe s'éleva à nouveau, grave et douce, respectueuse et apaisante.
- Je ne suis pas ici que pour vos beaux yeux... murmura-t-il à la noble. - ... car je sais pertinemment qui vous êtes, madame Emila de Villars... Et c'est pourquoi j'ai besoin de vous... parce que vous pouvez m'offrir tellement plus... que vos beaux yeux... Ses doigts se faufilèrent habilement entre les cheveux de la noble sans en défaire la coiffure, sa main droite lui tenant la nuque avec force et douceur. Son regard vert ne s'en détachait pas d'un iota. Il était plongé dans cette vision grandiose et fragile d'une femme de caractère à son apogée. Il ne la connaissait que de réputation, et pourtant savait la lire d'un seul coup d'oeil. Les femmes étaient sa première passion, il les comprenait tout naturellement, et pourtant elles l'étonneraient toujours de leur tenacité, de leur beauté immense...
Viggor s'approcha tout bonnement pour embrasser la noble, quand des bruits suspects vinrent lui mettre la puce à l'oreille. La porte du bistro venait de s'ouvrir, et des gens en sortaient. Viggor se plaça devant Lachésis, la camouflant aux regards indiscrets. C'était inutile de contribuer à l'étrange réputation de la belle, et Viggor comptait rester discret le plus longtemps possible. Les gens s'éloignèrent rapidement, portant un oeil désintéressé à cet homme si peu vêtu pour un temps si frisquet. Le russe sourit de plus belle alors que les bourgeois s'éloignaient, posa sa main sur l'épaule de la noble et lui lança, farceur ; - Vous me devez une chambre, milady. Se faisant rassurant, il ajouta, portant un bref regard vers les bâtiments environnants ; - Vaut mieux y aller, il n'est pas très courtois pour un gentilhomme de laisser une dame de votre classe se frigorifier aux yeux de n'importe quel passant... Il replaça le manteau autour de la noble, celui ci tombant lentement sur ce corps trop mince pour lui, et choisit une route au hasard, espérant y trouver une auberge accueillante où il pourrait passer la nuit en cette si agréable compagnie... | |
| | | Lachésis Emila de Villars Stratège du Consulat / Administratrice et Fondatrice
Nombre de messages : 86 Age : 34 Fonction : Stratège à la Solde du Consulat Nationnalité : Française Date d'inscription : 30/11/2006
Récapitulatif Parti: Impérialiste État Civil: Célibataire Religion: Chrétien Orthodoxe
| Sujet: Re: Ballade Douce-Amère [PV Viggor Borgisov » Topic Fermé] Lun 25 Fév - 16:28 | |
| (Alors on veut terminer au lit ? ) Apparement, le russe connaissait la réputation de la stratège. Il était nouveau en ville et connaissait les moindres détails entourant sa vie... Cela voulait dire que les rumeurs s'étaient répendues comme une traînée de poudre au-delà d'Evergloth. Lachésis eut un sourire à peine dissimulé à cette pensée. Rien de tel pour effrayer ses ennemis que d'être tant connu de par le monde. Néanmoins, son jeu était gâché, mais l'effet de mystère et de tentation avait fonctionné. Elle voyait poindre une lueur intriguée dans les beaux yeux émeraude de Kayne. Kayne Hellsinger, cela lui inspirait vaguement quelque chose. Elle ne pouvait mettre le doigt dessus. Elle mènerait sa petite enquête, Lachésis ne laissait jamais rien au hasard.
La lune avait atteint son zénith, il devait être près de minuit. Lachésis avait perdu tout espoir de retrouver une baignoire fumante à son arrivée au manoir du Consulat et ses couvertures devaient être glacées. De plus, le manoir devait sans doute être plongé dans une léthargie tranquille depuis des heures déjà. Les gens du consulat et leurs concubins n'étaient pas des oiseaux de nuit et répugnaient à voir la Lune poursuivre sa course céleste. Lachésis, elle, sortait souvent sur son balcon, elle s'asseyait alors en tailleur sur une couverture chaude et regardait la Lune se lever et se coucher, engloutie par la lumière de son frère. Une coupe de vin rouge à la main, son violon près d'elle si l'inspiration lui venait soudainement. Sa gouvernante, morte d'inquiétude, restait éveillée le plus longtemps que son vieux corps en était capable. Elle finissait toujours par s'endormir sur le fauteuil de Lachésis, ses lunettes toujours sur le nez et un livre couché sur son ventre. Pourtant, ce soir, Lachésis ne serait restée dehors pour rien au monde. Le froid était terrible, fermant ses mâchoires d'acier sur la moindre parcelle de peau nue. Le russe semblait à peine sentir les assauts du climat. Bien entendu, être natif de Russie était un avantage qu'on ne devait pas négliger lors de nuits aussi glaciales. La jeune femme se maudissait presque d'être d'origine française et d'être beaucoup moins accoutumée à des températures semblables. Elle réajusta le manteau sur ses épaules.
Entre temps, le riche bourgeois s'était approché d'elle, plongeant dans l'obscurité. Il avait même osé toucher la main de la stratège, sans gêne et sans remords. Dans d'autres circonstances et avec un autre homme, elle l'aurait envoyé paître du revers de la main, aurai dégainé sa dague et aurait laqué le fil de sa lame sur la gorge du malheureux. Cependant, elle n'eut pas le réflexe de se défendre... C'était comme si son corps n'y voyait aucune menace et qu'il voyait, au contraire, un certain réconfort dans cette présence masculine imposante et chaleureuse à la fois. Sa main trembla légèrement, un autre geste qu'elle ne put empêcher, révélant à l'inconnu sa vulnérabilité. Machiavel n'aurait pas été fier de sa disciple, la voyant ainsi afficher ses faiblesses à un inconnu, à un homme qui aurait fait un adversaire de taille. Lachésis se retrouvant comme David devant le Goliath. Pourquoi avait-elle cette impression d'être une chose si fragile et vulnérable dans ses bras ? Des hommes plus imposants que lui avaient trépassé sous sa lame sans qu'elle n'eut aucune peur, aucune réticence, aucun sentiment. Il lui fallait se maîtriser, être de marbre devant cet homme qui l'intriguait. Il se pencha pour lui murmurer à l'oreille... Encore une fois, elle put aisément distinguer le timbre grave et profond de sa voix, aucun vibrato, aucun tressaillement. Encore.
- Je ne suis pas ici que pour vos beaux yeux... - ... car je sais pertinemment qui vous êtes, madame Emila de Villars... Et c'est pourquoi j'ai besoin de vous... parce que vous pouvez m'offrir tellement plus... que vos beaux yeux...
Une phrase si lourde de sous-entendus. Des sous-entendus que Lachésis trouvait très entendus, très engagés et manquant cruellement de diplomatie. Derrière ces paroles masquées se trouvait un message si criant qu'elle aurait été sotte et aurait compris le sens général de la phrase. Elle décida néanmoins de ne rien répondre. De toute façon, les paroles qu'il avait prononcées n'avaient pas été formulées dans le but d'avoir une réponse. Elle sentit la main de l'homme se glisser dans sa chevelure soyeuse. Ses cheveux coulaient comme une rigole d'encre noire sur ses vêtements, doux comme la soie, un parfum de vanille...Elle ne peut réprimer un frisson lorsqu'elle sentit le pouce du russe effleurer sa nuque, électrifiant son échine. Lachésis ne voulait pas montrer que ce contact lui plaisait ardemment. Elle était stratège et ses sens lui intimaient de ne pas tomber ainsi dans le piège. Une voix criait dans sa tête. Elle décolla son bassin qui s'était collé à celui du noble, conséquence de ce soudain rapprochement et soutenu le regard du russe, sans y laisser poindre la moindre étincelle de désir. Cet effort recquérait une grande maîtrise de soi, mais Lachésis avait de l'expérience dans ce domaine. Il restait à savoir si cet homme qui faisait preuve d'une si grande familiarité était capable du même exploit. Elle vit l'homme s'approcher davantage et pendant une fraction de seconde, elle eut l'irréprescible envie de coller ses lèvres sur les siennes. Une fraction de seconde, seulement. Heureusement pour elle et pour sa réputation, la porte de l'établissement s'ouvrit et le russe s'imposa devant elle à la dernière minute.
Il avait un sens effarant pour deviner les moindres pensées de la bourgeoise. Il avait voulu préserver la réputation de la stratège et avait convenu qu'il vallait mieux qu'il la camoufle à d'éventuelles commères. Elle eut un sourire, sourire qu'il ne put remarquer étant dos à elle. Lorsque le danger fut écarté, il lui prit l'épaule.
- Vous me devez une chambre, milady.
Il avait du culot. Lachésis ne put s'empêcher de sourire d'une façon narquoise. Ainsi disait-il ouvertement ce qu'il attendait d'elle. Cela ne faisait que confirmer ses soupçons.
- «Une chambre ? Oh ! Il me ferait plaisir de vous payer l'hébergement, vous avez préservé ma réputation. Mylord, je vous dois la vie...»
Elle avait prit un ton faussement sincère ressemblant étrangement à de l'ironie.
- Vaut mieux y aller, il n'est pas très courtois pour un gentilhomme de laisser une dame de votre classe se frigorifier aux yeux de n'importe quel passant...
Oh ! Et maintenant il s'improvisait gentleman... Un homme si familier et manquant cruellement de subtilité osait dire qu'il était courtois. Digne de la Cour de Louis XIV... Elle eut une envie de rire, mais calma ses ardeurs. La situation était cocasse. Elle lui adressa un sourire amusé, sincère cette fois.
- «Je connais une auberge dans les parages. Pour la réputation, on aura qu'à dire que vous m'avez kidnappée...»(On continue ailleurs ?) | |
| | | Viggor Borgisov Chasseur de Vampires / Administrateur
Nombre de messages : 76 Age : 36 Date d'inscription : 09/02/2008
Récapitulatif Parti: Conservateur État Civil: Célibataire Religion: Athéiste
| Sujet: Re: Ballade Douce-Amère [PV Viggor Borgisov » Topic Fermé] Lun 25 Fév - 17:28 | |
| [ Mé bien sûr, milady Je signalerai au passage que vous jugez mon pauvre Viggor ! xD C'est un parfait gentlemen, d'une honnêteté sans borne, qui espère simplement pouvoir discuter avec une femme d'esprit. Seulement possède-t-il une philosophie avant-gardiste d'une parfaite "ambiance" de conversation. Non ?.. hahaha Enfin bon, lockons ce topic à présent ^^] EDIT Lachésis : Suite »» Brestphalie » L'Auberge » Douce Lune de Russie | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Ballade Douce-Amère [PV Viggor Borgisov » Topic Fermé] | |
| |
| | | | Ballade Douce-Amère [PV Viggor Borgisov » Topic Fermé] | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|