Le Courroux d'Arès [PV Viggor]

Dans le train menant à au port

Lachésis s'était endormie vers les quatre heures du matin, son corps tressaillant au moindre mouvement du géant de métal d'un rouge écarlate. Ses cheveux coulant doucement sur son visage aux traits apaisés par les aléandres du sommeil. Dans le couloir central de la locomotive, des bribes de voix s'élevaient par instants, venant troubler troubler la quiétude de la belle, sans jamais l'interrompre, cependant. La nouvelle de la guerre de conquête en Amérique avait soulevé un tolé incroyable et des fonctionnaires, bourgeois, soldats, se consultaient dans un murmure bruyant à chaque angle de couloir. Les portes des compartiments s'ouvraient et se refermaient dans un bruit étouffé, les gens s'efforçant de refermer celles-ci le plus doucement possible pour éviter de réveiller les gens endormis qui n'avaient pu jouir d'une bonne nuit de sommeil. Lachésis avait tellement besoin de sommeil qu'elle s'était logée dans les bras de Morphée aussitôt qu'elle fut assise sur sa banquette couverte de velours. Cependant, même si elle semblait sereine et calme, son sommeil était agité de grandes inquiétudes. Même endormie, la stratège continuait à analyser toutes les issues possibles, à appliquer sa méthode cartésienne pour éviter les ennuis et, surtout, elle pensait à Viggor. Cet homme au charme naturel des slaves qui avait partagé sa nuit. Malheureusement, les amants avaient été interrompus par la triste nouvelle de cette guerre en Amérique et le bourgeois avait accepté de suivre la jeune femme jusqu'au Nouveau-Monde.

Avant de prendre le train, Lachésis et Viggor avait du se rendre jusqu'au Consulat pour assister à la réunion au Sommet. À son arrivée, Lachésis avait été harcelée par les sénateurs qui paraissaient tout à fait désarmés devant la situation qui s'imposait. Un plan lui avait été demandé, bien qu'elle n'eut rien préparé, l'effet de surprise oblige. Elle fut donc obligée de se rendre auprès des membres du Consulat pour réclâmer des explications sur les enjeux et conséquences de cette guerre. Les membres du Consulat étant très doués pour les euphémismes et les paroles vides de sens, elle était sortie du cabinet avec une seule certitude en tête : cette guerre avait été ordonnée par l'Empereur Français pour son simple caprice irréfléchi. Un pseudo-Jules César à la mégalomanie insassiable. Lachésis était plus que furieuse. Néanmoins, elle était stratège et enfant de la France et elle ne pouvait se résoudre à tout laisser tomber pour une simple bataille qui était gagnée d'avance, de toute façon. Et puis pourrait-elle laisser un stratège incompétent la remplacer et signer l'arrêt de mort de la France ? Lachésis ne pourrait jamais s'y résoudre. Et puis, ayant des droits et prérogatives quant à son titre et sa fonction, elle pourrait s'arranger pour ériger un plan permettant de limiter les dégâts. Une bataille, un gagnant et un traité de paix ou un territoire conquit. Ensuite, elle remballerait tout et reprendrait le chemin d'Evergloth en compagnie de Viggor ou de Kayne, comme il préférait rester sous le couvert d'un pseudonyme.

Justement, l'imposante carrure du russe avait attiré les regards et piqué la curiosité des fonctionnaires présents au Sommet qui s'étaient empressés de poser des questions sur le titre et la fonction de l'homme en question. Lachésis, voulant sortir son ami de l'impasse avait rapidement pensé à une fonction et un titre provisoire pour Viggor. Kayne Hellsinger, riche noble armateur et principal investisseur pour l'armée du Consulat. De plus, c'était un soldat à ses heures perdues, alors il ne serait pas un boulet sur un champ de bataille. Le prétexte ? Il voulait vérifier si ses investissements valaient la peine. Le mensonge passa très bien et personne ne posa davantage de question. Ils s'étaient alors embarqués dans le train et Viggor était allé chercher quelques rafraîchissements quand Lachésis s'endormie.

Elle ouvrit les yeux quelques minutes après avoir entendu des voix plus graves et se rapprochant de son compartiment. Elle chassa les dernières traces de son sommeil bref et se redressa sur la banquette. Elle s'aperçut qu'en dormant elle avait échappé sa couverture. Sa couverture ? Viggor était sûrement venu la couvrir en voyant qu'elle dormait à poings fermés. La jeune femme se leva difficilement. Ses jambes étaient ankylosées et sa tête tournait un peu. Elle ouvrit doucement la porte coulissante et passa sa tête dans le couloir. Viggor était devant la porte du compartiment voisin, dos à elle, avec un homme grassouillet et chauve. Le Sénateur des affaires militaires, Monsieur Fisett. Lachésis regrettait qu'il fut aux prises avec les fonctionnaires et leurs questions indiscrètes et leur protocole digne de la Cour de Louis XIV. Elle poussa un soupir et referma la porte. Dehors, les étoiles brillaient et la lune s'était éclipsée depuis quelques temps déjà. La stratège se cala confortablement dans son siège et passa une main agitée dans ses cheveux de jais.

Puis, elle entendit la porte coulisser à nouveau, laissant apparaître l'imposante silhouette de Viggor. Elle leva ses yeux obscurcis par la noirceur du compartiment vers son amant. Elle attendit qu'il fut assit devant elle et ouvrit la bouche pour parler. Aucun son n'en sortit. Elle se sentait fautive. Pourquoi, diantres, avait-elle insisté pour qu'il l'accompagne ? Pourquoi, avait-il accepté ? Elle tenta de réprimer les larmes qui lui montaient aux yeux, mais sous l'effet de la fatigue, de la frustration et du désarroi, elle fondit en larmes. Son corps agité de sanglots se retrouva rapidement lové dans les bras du russe, trempant légèrement la chemise de celui-ci.

- «Je...je ne voulais pas vous enliser dans une situation précaire.»

Lachésis se rendit compte qu'elle tenait particulièrement à lui, qu'elle ne voulait pas mettre la vie de Viggor en danger. Elle leva la tête, le visage baigné de larmes et posa délicatement ses lèvres sur celles du russe. Elle eut un pincement caractéristique au coeur, se sentant soudainement étourdie et déboussolée. Elle sécha ses larmes et un sourire timide naquit sur ses lèvres.

Elle se leva et alla mettre le loquet sur la porte coulissante. Ainsi, plus personne ne pourrait les déranger.

- «Alors, que ferons-nous pour meubler le temps qui nous reste ?»

La stratège retira doucement son manteau, laissant apparaître son corset d'un noir brodé et une poitrine volumineuse aux reflets mats dans la nuit noire. Elle embrassa son amant de nouveau, une atmosphère sensuelle et tendre emplisant le compartiment bringuebalant au rythme du train agité...

Viggor s'était déjà préparé à ce qui allait suivre. Les formalités, la nobilité, la banalité. Aussi resta-t-il très silencieux et stoïque pendant que sa compagne se faisait inonder de questions. Il savait être patient. En de rares occasions il jetait toutefois un regard à Lachésis, dans l'idée de la rassurer. Il ne pouvait y échapper. Alors autant en apprendre quelque chose.

Scène suivante ; le train. Enfin sortie de cet enfer, et quelques heures de répit. Dame Lachésis s'était endormie rapidement. Viggor la regarda longtemps, fasciné par la beauté et la force de celle-ci. On ne l'avait vraiment pas lâchée à ce Sommet. Il caressa doucement le visage de l'endormie du revers de la main. Elle était étonnante, avait su gérer une infinité de détails pendant que lui s'ennuyait à mourir. Pas étonnant qu'elle se soit endormie si vite...

Un homme grassouillet apostropha le russe et lui posa quelques questions sur son passé, mais le slave était malin. Désinvolte, il lui avait inventé une histoire crédible sans broncher. Le Sénateur sembla être intrigué par l'étrange Hellsinger. Son charisme était certain, ses manières impeccables. Poli, Viggor coupa court en prétextant qu'il devait rejoindre miss de Villars, ce à quoi Fisett lui donna sa bénédiction.

Viggor lâcha un soupir et referma la porte. Lachésis s'était réveillée. Rapidement, il aperçu en elle une pointe de détresse, et se fit aussitôt consolant. Il l'accueillit volontier contre lui, la prit dans ses bras et se fit rassurant. Tout allait bien, elle n'avait rien à craindre, ni à se reprocher. Viggor sentie son parfum, la trouvait tout bonnement magnifique.

Elle ferma le loquet, et la cabine devint soudainement très intime.
- «Alors, que ferons-nous pour meubler le temps qui nous reste ?»
Viggor sourit, il devait avouer avoir attendu ce moment depuis un bon moment. Pour se changer les idées, il avait même laissé son imagination virevolter à son aise pendant qu'il perdait son temps au Consulat. L'envie dégageait dans l'air un parfum ennivrant.

Viggor enlaça fermement sa compagne, l'embrassa sans retenue. Ses doigts se faufilaient dans le dos de Lachésis, et sa paume vint rejoindre la lourde poitrine de celle-ci dans l'intention de la masser. Le visage de Viggor s'éloigna un peu, le temps de la regarder droit dans les yeux. Il la désirait, et malgré son habituel détachement se trouva chanceux de se trouver en compagnie d'une femme si exceptionnelle. Il jeta a bas sa chemise, entreprit de défaire le corset sans jamais arrêter de caresser la belle conseillère.

Le souffle du russe était brûlant, il caressait avec vigueur et adresse le corps mince de Lachésis. Le corset vint rapidement rejoindre le sol, et Viggor se sentit momentanément libéré de ses démons. Si quelqu'un osait les interrompre cette fois, il lui fracasserait la tête à coups de masse. Viggor souleva Emila, lui plaqua le dos contre le mur alors que ses cuisses gainées l'entouraient. Son pouce voyagea sur ses côtes, les langues se soudèrent, les seins de la belle française contre son torse viril.

Viggor se dit alors qu'il serait de circonstance de dire quelque chose. Mais non, rien ne lui vint en tête. Aussi il se tût, et continua de déballer ce charmant cadeau du destin, content de pouvoir profiter d'une nuit de plaisir bien méritée...

Elle souleva tout simplement son bassin, s'empalant doucement sur le membre turgescent que le russe venait tout juste de libérer de son étoffe. Elle sentit automatiquement une vague de chaleur déferler en elle. Son corps se recouvrit peu à peu de frissons de plaisir et elle bascula la tête vers l'arrière, laissant ses longs cheveux venir chatouiller le bas de son dos. Il était encore une fois effarant de voir le contraste entre les deux amants: elle si petite et fragile dans les bras d'un colosse aux muscles saillants. Lachésis colla sa tête sur le torse galbé du slave, s'empreignant d'une odeur virile et agréable. Sa langue se glissa jusqu'à l'oreille de son amant, venant titiller les sens de celui-ci. La stratège enserra davantage ses cuisses autour de la taille de Viggor, de quelques mouvements savants elle causa une seconde vague de plaisir, un soupir, un gémissement presque inaudible pointant au bout de ses lèvres.

Lachésis n'aurait pu prévoir le déroulement de cette soirée, de cette nuit aussi longue et agitée. Dire qu'elle le connaissait seulement depuis une douzaine d'heures. La jeune femme n'était pas du genre à se donner aussi rapidement à un homme qu'elle connaissait à peine, mais elle sentait que c'était différent, cette fois. De plus, elle sentait quelques sentiments poindre dans son âme, quelque chose d'inexplicable, un besoin de se trouver en sa présence et de ressentir ce même sentiment de bien-être, de sensualité, d'attente... Et puis, maintenant, ils se retrouvaient tous deux à bord d'un train qui les mèneraient vers l'Amérique et une guerre dont Lachésis ne pouvait prévoir le résultat et les enjeux.

La belle chassa ses pensées pessimistes de son esprit et fut secouée par un spasme de plaisir. Elle posa ses lèvres sur celles de son amant, prolongeant le baiser éternellement. La bourgeoise plongea son regard dans les yeux à l'iris vert de son amant. Ses yeux étaient si envoûtants, si profonds, transcendant les chairs de la belle, lisant dans son âme comme dans un livre ouvert.

La cadence doubla, les gémissements de la belle furent de plus en plus difficiles à étouffer. Et alors que le plaisir montait, le point culminant arriva et ils explosèrent dans un concert de soupirs et de gémissements.

Lachésis se blottit dans les bras de son amant, totalement vannée. Au bout de quelques minutes pendant lesquelles ils reprenaient leur souffle, elle se rhabilla et une voix retentit dans le couloir :

- «L'Espagne dans six heures...»

Il ne restait que six heures avant d'atteindre le port... À ce point, il n'y avait plus de retour possible. Elle se lova dans les bras puissants de Viggor et leva des yeux mordorés vers lui.

- «Il est encore temps de reculer, vous savez ? Je ne vous obligerai jamais à partir contre votre gré. Et à vous dire vrai, je n'ai aucune idée de ce qui nous attend en Amérique...»

La nuit allait bientôt laisser place au jour et Lachésis tombait de sommeil. Elle espérait seulement bénéficier de quelques heures de sommeil qui de serait pas de refus avant les terribles assauts de la guerre. Elle se cala davantage dans les bras du russe,espérant une réponse favorable...

Viggor était étendu sur la longueur du siège, confortable, satisfait. Il n'avait remit que ses pantalons, et semblait inexorablement fixer le bout de ses pieds. Pourquoi était-il là ? Que faisait-il dans ce train, avec cette femme de la haute noblesse ? Viggor resta impassible, prit note de ce que la belle Lachésis venait de lui dire. Les bras arqués derrière la tête, le russe prit une grande respiration et ferma les yeux.

Il n'était pas du genre à râler, ni à gaspiller ses efforts. Bien sûr qu'il continuait. Baisser les bras et cesser la course n'avaient jamais étés dans ses habitudes. Reculer maintenant serait une perte de temps et de ressources.

Bien sûr, il avait hâte de retourner à Evergloth - et le plus vite possible ! Mais il sentait qu'à son contact, quelque chose en lui changerait. Sa mission était trop importante, son honneur crucial à sauver. Il était un homme dur, mais jamais il n'avait été pour autant un homme de violence. Pourtant à présent, la vengeance n'avait plus rien d'un jeu. Il ne savait pas ce qu'il ferait, ou si même il pourrait faire quelque chose advenant déjà qu'il ne se soit pas trompé, qu'il s'agisse bien là de créatures surnaturelles et légendaires.

Inutile alors de répondre à la conseillère. Cette femme était suffisamment intelligente pour soulever le silence qui pesait, pour comprendre qu'il était prêt à tout - et même à aller se mêler à une guerre qui ne le concernait pas - pour mener à bien ses ambitions. Après tout, qui sait, peut-être s'y ferait-il tuer ? Si cela devait arriver, il le prendrait sans sourciller. Personne n'était vraiment maître de son destin.

Viggor se gratta la barbe, enroula son bras musclé autour d'Emila et lui chuchota d'un ton rassurant de se reposer. La route était encore longue, sommes toute. Pendant ces six longues heures, le russe dormi à peine. Pendant quelques heures seulement, il s'était assoupi, et au creux de son songe, il avait aperçu deux yeux jaunes le fixer au milieu des ténêbres...

[ Bon et bien passons à autre chose, dac ? ]

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