Viggor Borgisov naquit en Russie d'une mère pauvre et d'un père bourgeois norvégien qui eut tôt fait de disparaître du paysage familial. Malgré la pauvreté, Viggor était un enfant solide et désabusé, et il réussit à s'instruire grâce aux quelques livres qu'arrivait à marchander sa mère, celle-ci se donnant corps et âme à son fils unique. Soumit à un milieu de vie difficile et chaque jour spectateur du pire dans une région du monde dévorée par le chaos, Viggor était un enfant silencieux et attentif, qui n'hésitait pas à questionner sa mère sur les étrangetés de la vie et se forger une vision claire de ce qui lui apparaissait comme la réalité. Alors qu'il était encore bien jeune, la mère de Viggor devint la concubine d'un riche bourgeois, dans le seul et unique but de parfaire l'éducation de son fils et lui permettre de sortir du trou paumé où ils vivaient depuis sa naissance. Conscient du sacrifice de sa mère, Viggor travailla fort et fit taire son appréhension pour profiter au maximum de cette générosité. D'un naturel curieux et éclectique, le jeune homme s'informa grandement sur la politique, l'histoire, la théologie et la philosophie. Ses recherches comptaient tant pour lui qu'il ne put jamais avoir un couple stable avec les plusieurs jeunes demoiselles qui l'avaient alors dans l'oeil ; le jeune homme était plus d'esprit, et des années de labeurs physiques en avaient fait un homme tout à fait respectable.
Et c'est une nuit au ciel marqué d'étranges lueurs, aux nuages violacés, rouges, qu'arriva l'événement qui allait faire chambouler la vie du jeune garçon. Il ne l'entendit jamais venir. Seulement un faible râle qui parvint à ses oreilles devenues attentives alors qu'il réalisa qu'une ombre c'était glissée dans le domicile. Il ne fit pas un cri lorsqu'il ouvrit la porte de la chambre de sa mère et y découvrit les murs éclaboussés de sang, le plafond pleurant le rouge alors qu'au milieu du lit, l'ombre se dressait bestiale au dessus d'un amas de chair abominablement déchiré. Il resta muet devant la scène, étonné de n'éprouver ni peur ni colère. Deux fines lueurs jaunes le toisèrent un instant, et l'instant d'après Viggor prenait ses jambes à son cou et courait dans la nuit glaciale comme jamais il n'avait couru. Il avait sur lui un sac, et toutes les richesses de la maison. Couvert par une pluie glaciale, il chercha domicile chez l'amant de sa mère, qui gêné lui donna quelques pièces et lui dit de partir. Viggor n'en espérait pas plus, de toute manière. Ces quelques pièces suffiraient à le nourrir pendant une semaine.
Ne sachant pas où il allait et ce qu'il faisait, Viggor éprouvait pourtant une étrange assurance quant à son avenir, et alors qu'il dépérissait sous le froid, blême comme une toile après deux semaines d'errance, un personnage apparu hors de la brume et donna un nouveau départ au jeune russe... Un noble en pleine partie de chasse, du nom de Kayne Hellsinger, flanqué d'une poignée de ses serviteurs, lui offrit refuge dans sa demeure en agrémentant son offre de son plus beau sourire. Enfin au chaud, tremblotant comme une feuille malgré la chaude couverture qui le couvrait, le jeune noble interrogea le russe sur ses périples avec grand intérêt. Viggor laissa seulement sous-entendre le fond de sa pensée ; vampire. Cela n'impressionna pas Hellsinger, qui au contraire décida de faire de Borgisov son protégé. Lui reléguant diverses tâches, il en profita aussi pour lui partager son savoir de l'occulte et son vaste répertoire d'ouvrages anciens. Il lui apprit les rudiments de l'épée et du pistolet, mais rien à faire, Borgisov avait bien plus de talent pour chârier une massue que de faire des moulinets avec une finelame. Les deux hommes avaient environs le même âge, et le russe apprit que son maître avait lui aussi perdu ses parents de façon dramatique. Emportés par les révolutionnaires, disait-il.
Les deux hommes s'entendaient à merveille, mais Hellsinger remarqua très vite dans le calme de son ami des arrières pensées inondés de tourments. Ce n'était pas la colère, c'était plus simple encore. Un désir de vengeance, tout ce qu'il y avait de plus primitif. Viggor ne croyait pas en l'existence de Dieu, au grand damn du seigneur. Il n'y croyait plus, depuis l'incident qui avait emporté sa mère. Cela relevait pour lui d'une évidence ; où est donc Dieu, s'il laisse errer sur terre des choses aussi inhumaines. Mais comme son ami s'évertuait à le lui rappeler, il n'aurait sûrement jamais l'occasion de vérifier ses pensées. Toutefois, alors que les deux hommes avaient atteint la trentaine, une épidémie ravagea le territoire. Kayne, qui n'était pas habitué à de tels sévices et dont la constitution était vascillante, périt dans son lit en serrant la main de son fidèle servant. Regardant le corps sans vie de son bienfaiteur, Viggor ramassa une partie de sa fortune, du linge, des armes et des vivres et disparu avant que les serviteurs n'ai pu l'arrêter.
C'est alors que sa quête de vengeance commença vraiment. Conscient de ses forces et de ses faiblesses, Viggor usa de ses charmes pour s'offrir le support des femmes qu'il croisait, et c'est alors que dans le lit de l'une d'elles il prit quelques secondes pour lire l'un des bouquins saisis au hasard dans la bibliothèque de son compagnon, qu'il tomba sur le mythe d'Evergloth. Le livre était truffé de références aux vampires, et parlait d'une sombre et maléfique puissance qui possédait cette ville. Bien sûr, le livre était âgé, écrit de la main de fous ou de fanatiques certainement. Mais la curiosité de Viggor venait d'être prise dans un piège où toute marche arrière était impossible. Toutefois, se dit-il, jamais il ne pourrait mener à bien son enquête dans un tel nid révolutionnaire, à moins bien sûr... de se faire passer pour un noble.
Viggor prit donc une décision drastique, et se regardant dans une glace, se répéta mainte fois ;
- Mon nom est Kayne. Kayne Hellsinger...
Bien sûr, en ces 8 dernières années, aucun noble d'Evergloth n'avait vu le Duc, aussi il serait facile de se faire passer pour lui. Le jeu en valait la chandelle, se disait-il. Il n'avait peut-être pas la fortune d'un noble, mais il saurait s'adapter à la situation. Il verrait de ses propres yeux l'abomination qui avait enlevé la vie de sa mère... et il la punirait avec toute cette ferveur latente qu'il avait refusé de placer en Dieu. Il trouvera des vampires. Il les cherchera aussi longtemps qu'il le faudra. Ils existent. Il les cherchera jusqu'à devenir fou, jusqu'à en mourir. Il les cherchera, car c'est la seule et unique chose qui ne lui reste...
Âge : 36 ans
Nationalité : Russe
Race : Humain
Parti : Conservateur
Classe : Bourgeois
Fonction : Chasseur de vampires
Description Physique : De bonne taille (1m80) et de solide constitution (90kg), Viggor est particulièrement reconnaissable par ses longs cheveux noirs, ainsi que sa barbe et sa moustache finement taillées. D'allure noble sans faire le moindrement dans la dentelle, il porte souvent un large chapeau assorti à son ample manteau vert. Ses yeux sont verts et sans être doté d'une beauté particulièrement, Viggor arbore naturellement les charmes de la virilité. Large d'épaules et en parfaite santé, Borgisov s'entraîne régulièrement pour ne pas se trouver au dépourvu s'il trouve enfin l'ennemi tant recherché. Très musculeux, il ne porte pas une once de gras, et son corps est marqué de nombreuses blessures, résultat d'une vie tumultueuse ; gamin déjà, il lui arrivait de se battre contre plus gros que lui par simple question de principe. Plus tard encore, son tempérament cru et provocateur lui valurent plusieurs blessures mineures, et une marque apparente de lame de couteau au niveau d'un rein. Son visage garde en quasi permanence une attitude froide et stoïque, ce qui ne l'empêche pas de faire preuve de gentillesses à l'occasion. Ses oreilles sont fines, ses traits lui donnent une allure de prédateur. Son apparence est celle d'un homme dur, d'un noble excentrique et désabusé.
Description Caractérielle : Viggor est un homme cynique, perspicace, parfois hautement détestable. Il méprise les gens redondants, les idiots et les snobinards, et leur fait souvent savoir en ne leur prêtant qu'une oreille distraite. À vrai dire, quoi qu'il joue assez bien le rôle du noble, sa recherche compulsive le fait aisément passer au sein des nobles pour un lunatique. Froid et impitoyable, il se reconnait pourtant dans la pauvreté et peut faire preuve d'une grande générosité. Il aime les femmes et ne s'en cache pas, mais n'en laissera aucune se mettre au travers de sa quête. À vrai dire, les faits politiques tendent à hautement l'ennuyer, mais il essaie de faire passer cette lassitude sur le coup du dépaysement. Il ne semble jamais avoir peur, et il est vrai qu'il soit brave, motivé et astucieux. Il sait faire taire sa colère, mais ne semble jamais de bonne humeur, même après avoir consommé une nuit torride en compagnie d'une autre jolie concubine. Il garde son sang froid et sa mission en toute priorité. Sa mentalité semble insondable, il est un mystère pour la plupart des nobles qui n'arrivent pas à piquer son orgueil ni à percer ses secrets. Rien ne semble l'atteindre, Viggor est véritablement un homme dénaturé par la soif de vengeance.
Signes Particuliers : Il arrive à Viggor de se questionner sur sa santé mentale. En effet, il lui arrive des voir des choses en ces terres maudites qui ne devraient jamais exister. Des chimères, pense-t-il. Rien de bien grave. De toute manière, il ne peut plus rebrousser chemin, maintenant... Est aussi à noter qu'il porte en permanence une chemise de mailles sous son manteau. Pas de quoi être bien pratique contre une balle tirée à bout portant, mais Viggor préfère prendre un maximum de précautions, surtout depuis qu'un brigand a essayé de l'éventrer en pleine taverne.
Armes : Un pistolet, une dague, un sac de chausse-trappes artisanales contre d'éventuels poursuivants, et un lourd maillet en étain qu'il porte dans son dos, camouflé sous son épais manteau. Il porte aussi une croix en argent dans sa besace, et se dit que ses propriétés contondantes pourraient un jour compenser son inutilité symbolique.