Petit moment de tranquilité.

(Je m'impose, si cela ne te dérange pas )

Lorsque la pluie avait cessé de marteler les carreaux de sa chambre, elle avait décidé que c'était le moment propice de se glisser dans la nuit froide pour aller se recueillir. Lachésis avait ainsi délaissé son violon et sa musique réconfortante, avait enfilé une cape noire qui couvrait sa chevelure de jais et s'était éclipsée dans la nuit. Ses bottes de cuir luisantes de rosée, elle avait parcouru quelques mètres à pied avant d'appeller une cabine qui la conduirait à l'église Ste-Anne-de-Valois. L'église catholique ne respectait pas les fondements de l'orthodoxie que suivait Lachésis, mais c'était mieux que rien. La religion orthodoxe étant peu pratiquée en Autriche, les lieux de culte étaient difficiles à trouver. Elle fit arrêter le cocher à quelques mètres de la grande porte et l'ouvrit doucement, histoire de ne pas déranger les personnes qui pouvaient s'y trouver. Lachésis était une femme de son époque, religieuse et pratiquante. Cependant, elle allouait tout de même une place particulière à la science et à ses vertus. Elle se complaignait également dans la lecture de livres philosophiques, même si cela allait envers la religion. Disons qu'elle était quelque peu agnostique, mais elle préférait vouer un culte plutôt que de brûler en Enfer.

L'atmosphère à l'intérieur de la chapelle était douce et accueillante. Les lampions éclairaient la pièce d'une lueur blafarde et discrète, conférant à la statue du Messie un air plus mélodramatique encore. Lachésis remarqua qu'une jeune femme était présente, une rivière blanche coulant allègrement sur ses vêtements. La stratège s'assied discrètement sur un banc derrière la jeune femme et joignit ses mains en signe de prière. Elle remarqua du coin de l'oeil le Père Van Struzen qui lui adressa un signe de main agrémenté d'un de ses plus beaux sourires. Abert Van Struzen connaissait Lachésis depuis plusieurs années, il avait toujours été de la plus grande amabilité avec elle, même si elle n'appartenait pas à la même branche du christianisme. Il lui avait même offert un recueil de Psaumes et quelques apocryphes et, surtout, il lui avait offert de venir se recueillir à son église, même si celle-ci était catholique. Lachésis ne pouvait que ressentir un immense respect pour cet homme altruiste et compréhensif. Elle rendit son sourire au Père qui disparu derrière la porte du confessionnal et elle baissa la tête. Ses cheveux d'un noir de cendre coulant jusque sur le sol. Elle n'était pas venue spécialement pour prier ou pour se confesser... Elle était venue implorer la miséricorde du Seigneur pour la garder dans une tâche bien ardue. En effet, elle devrait bientôt se rendre en Amérique pour sevir de Diplomate au nom de la Couronne Française. Lachésis n'avait aucune envie de s'embarquer pour ce voyage de deux semaines, mais elle y était obligée. Certes, la jeune femme manquait terriblement de diplomatie et beaucoup s'étaient donc interrogés sur ses compétences dans ce domaine. Généralement, le Sénateur des Affaires Étrangères était censé incomber à cette tâche, mais le vieux croulant était à l'agonie et Lachésis fut donc nommée à sa place.

Lorsqu'elle eut terminé d'implorer la bénédiction du Seigneur, elle se leva doucement et se retrouva dans l'allée. Elle avança discrètement, tentant de faire taire le bruit de ses escarpins. Elle s'avança jusqu'à l'autel, passant devant le banc où se tenait la jeune femme. Lachésis leva son visage vers celui du Christ. Le visage de la statue était nimbée de l'ombre renvoyée par sa silhouette. Le sang qui parsemait le corps du Sauveur était trop clair pour paraître réel, le sculpteur était bien piètre. Quoiqu'il en soit, Lachésis fit le signe de croix, trempa son index dans l'eau bénite et se ceinda le front de cette eau purificatrice. Elle murmura un inaudible Amen avant de descendre l'escalier qui menait à la terre ferme. Lorsqu'elle se trouva face à face avec l'occupante, elle remarqua qu'elle avait déjà vu cette jeune femme au Consulat. De façon discrète, la stratège l'osculta, dans l'espoir que ces souvenirs lui reviendraient. En vain. La jeune femme à la chevelure d'un blanc d'albâtre était plutôt légèrement vêtue et semblait perplexe. Lachésis crut même voir poindre une expression de détresse. Elle décida néanmoins de s'assoir près de la jeune femme. Côte à côte, le contraste était à couper le souffle. Lachésis à la chevelure noire comme l'abîme et elle à la chevelure blanche comme neige.

- «Vous permettez ? Ma mère m'a toujours dit qu'il vaut mieux ne pas se recueillir seule... Que de partager le moment de la prière évite de se sentir trop petit face à toutes ces choses inexplicables...»

S'il y avait bien un endroit où Lachésis faisait preuve d'humanité, de chaleur, c'était bien à l'église. Ce lieu était pour elle profane et quiconque le souillerait de vice ne méritait pas la vie. Il était certes vrai que la stratège était impitoyable dans la vie courante, mais elle sautait du coq à l'âne lorsqu'elle entrait en lieu Saint.

[Dsl pour le retard, beaucoup de problème, beaucoup trop.>_<]

L'inconnue avait finalement décidée de s'asseoir auprès de Alicia. Un doux parfum enivra alors l'odorat de la jeune Alicia qui a ce moment précis, se mit à fermer les paupières. Sans hésiter et sans aucune gêne, Alicia lui dit :

" Votre exquis parfum doit sûrement attirer la gent masculine... "

Tournant la tête légèrement vers la gauche pour observer la jeune inconnue, Alicia découvrit une femme au charisme envoûtant. Son physique très avantageux attirait l'attention de Alicia qui lui sourit chaleureusement. Introduisant ses doigts dans sa chevelure blanche, Alicia répondit à la question de cette femme :

" Je vous en prie, vous me dérangez point du tout. Je vous le dis tout de suite, je ne suis absolument pas croyante. Et cela concerne toutes les religions. Je peux dire que je ne crois en rien, oui c'est cela. "

Souriant légèrement à la jeune femme, Alicia ne détournait pas son regard de celui de Lachésis. Ayant une cuisse posée sur l'autre, sa main gauche derrière son cou et le dos légèrement courbé, Alicia semblait accordé beaucoup d'attention et de calme. Seul un bruit de pas détourna son attention. L'auteur de ce bruit était le prêtre qui reposait un livre parmi tant d'autre sur une espèce de petite étagère. Les gens pouvaient se servir à leur guise pour pouvoir lire quelque passage de la bible. Mais bizarrement, le livre qui fut posé sur le tas n'était pas droit. Alicia qui observait cette bible posée en travers ne pouvait pas s'empêcher de se lever et de remettre correctement le livre concernée en place. Elle s'arrangeait même pour qu'il y ait le même nombre de bible sur chaque pile. Satisfaite, elle revînt s'asseoir au côté de cette jeune femme tout en lui souriant.

A peine assise, Alicia se remit à parler :

" Je suis désolé, mais je ne peux pas supporté qu'on ne remette pas correctement quelque chose à sa place. "

Reprenant sa position initiale, Alicia observait toujours ce visage qui lui faisait face. Un petit déclic intervînt dans son esprit, les paupières plissées, elle demanda sans pouvoir s'en empêcher :

" Je ne vous aurais pas déjà vu quelque part ? Comment vous appelez-vous ? "

Curieuse, Alicia avait vraiment envie de savoir à qui elle avait affaire.